Découvrez dans cette interview le parcours du Français Benoit Saint Denis combattant professionnel de MMA dans la catégorie des poids mi-moyens (77kg) aka « God of War » ancien opérateur du 1er RPIMa (forces spéciales Françaises).
C’est très simple, à ce jour Benoit Saint-Denis est le meilleur combattant Européen, ni plus, ni moins. Initialement dans la Bulgarian Top Team. Il est rentré à l’UFC durant le dernier trimestre 2021. Et il est Français merde !
En guise de rappel, le 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) est un régiment des forces spéciales Françaises de l’armée de Terre. Il conduit des opérations aéroterrestres ciblées et discriminantes sur des objectifs à caractère stratégique. Il agit au profit du Commandement des Opérations Spéciales (COS).
Sommaire de l'article :
INTERVIEW DE BENOIT SAINT-DENIS COMBATTANT PRO MMA FRANCAIS
Pour commencer peux-tu te présenter à mes lecteurs?
Salut à tous, je m’appelle Benoit Saint Denis alias « God of War« . Je suis combattant professionnel au sein de l’UFC et ancien opérateur des forces spéciales au sein du 1er RPIMA.
Dans quelle unité des forces spéciales étais-tu et quel était ton domaine d’expertise?
J’étais SAS au sein du 1er RPIMA. C’est à dire opérateur des forces spéciales terre. J’appartenais à un groupe PAT SAS (patrouille stick action spéciale) spécialisé dans les patrouilles motorisées en milieu désertique. Type Sahel.
Comment et quand as-tu pris la décision d’entrer en tant qu’opérateur au sein des forces spéciales de l’armée de Terre?
J’ai pris cette décision à l’âge de 16 ans. Très jeune je voulais déjà combattre !
Quelle est la raison qui t’a poussé à choisir le 1er RPIMa plutôt que les commandos Hubert par exemple?
Le 1er RPIMA est la seule unité des forces spéciales où l’on peut rentrer directement du civil avec une formation plus longue de 18 mois. C’est la raison de ce choix.
Tu as rejoint le 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine par réelle vocation de servir ton pays ou par intérêt pour l’aventure?
Pour l’aventure. Pour combattre et servir. 3 en 1.
As-tu pratiqué un sport à un bon niveau durant ton adolescence et as-tu suivi une préparation physique spécifique avant de passer les tests d’entrée au 1er RPIMa?
J’ai écouté les conseils de mon père et suivi une préparation physique personnelle basées sur les connaissances disponibles en lignes et dans les bouquins. C’est ce qui m’a permis de passer les tests physiques du 1er RPIMa.
As-tu eu des difficultés physiques ou psychologiques lors des sélections?
Oui j’ai rencontré quelques difficultés. Les 4 premiers mois je me suis arraché 2 des 3 ligaments stabilisateurs de la cheville gauche.
Même si à la 1ère partie de la formation est la plus simple, je conseille de ne pas arriver blessé !
Après la blessure soignée, c’était du bonheur.
Quel fut l’entraînement de Benoit St-Denis durant de sa carrière militaire?
J’ai fait essentiellement du crossfit, puis des sports de combat.
Par rapport à ceux qui ont échoué ou abandonné, peux-tu nous dire quelles sont les qualités qui te permettent d’atteindre aujourd’hui tous tes objectifs?
La détermination et la persévérance. Ce sont les 2 qualités qu’il faut pour terminer une formation de 18 mois.
Non pas qu’il y ait un moment plus dur qu’un autre. Néanmoins il y a en permanence des épreuves qui s’accumulent au fur et à mesure de la formation.
Il faut être déterminé et persévérant pour réussir à les valider une à une. Être capable d’en tirer des leçons pour pouvoir avancer dans la formation d’opérateur des forces spéciales.
Peux-tu nous partager une anecdote sur une de tes missions qui t’a le plus marqué?
Ce qui m’a marqué dans les patrouilles motorisées dans le désert, c’est avant tout la chaleur de la bande subsaharienne. Que ce soit au Mali, au Niger ou au Burkina Fasso. Il faut tenir la chaleur. C’est une question de préparation et d’endurance.
C’est ce qui était le marquant. Tout public 🙂
Du dévouement et beaucoup de sacrifices pour devenir opérateur ne t’ont pas découragé à repartir de 0 dans le monde pro du MMA ?
Je n’étais pas du tout découragé pour reprendre de 0.
Même si c’est une aventure qui est totalement différente, il y a tout de même des petites connexions avec les forces spéciales, notamment par rapport aux valeurs similaires qui sont celles du combattant. Mais ce sont bien deux mondes complètement différents.
C’était un nouveau challenge pour moi. C’est quelque chose que je voulais essayé. Je n’ai donc eu aucun frein pour reprendre de ce côté là.
Quels ont été les points physiques déterminants qui ont jugé de ton poids de forme ?
Le poids que je fais en fin du camp d’entraînement correspond à mon poids de forme. Si je suis proche de la catégorie dans laquelle je pourrais combattre, il faudra descendre d’une catégorie avec le coaching. Ce sera donc mon poids de combat.
Par exemple, je fais 79 kg en fin de camp d’entraînement, donc je combattrais dans le futur en 71. La catégorie des 77 ce sont des gars autour de 86 à 92 kg. Et la catégorie des 70 ce sont les mecs entre 78 à 85 kg.
Peux-tu nous en dire plus sur ta rencontre avec Daniel Woirin?
Daniel Woirin je l’ai rencontré au cours de la sélection de la Venum Team Elite fin 2018. J’étais le seul amateur a être pris. Tous les autres étaient déjà pro. C’est ce qui a renforcé ma volonté de tenter l’aventure dans le MMA.
Je me suis dit que si un coach de cette qualité m’accorde sa confiance, ça vaut le coup de tenter l’aventure.
As-tu une technique dédiée ou un conditionnement psychologique particulier / personnel pour gérer l’appréhension du combat?
1 – L’expérience : Plus tu combats, plus tu acquiert de l’expérience, plus tu arrives à gérer le stress. Les premiers étant les plus stressants. C’est ensuite que je me suis vraiment relâché.
2 – La préparation mentale : Une préparation qui commence maintenant a être intégrée dans le monde des sports de haut niveau en général. C’est important, même avec un fort mental, c’est bien, ça permet de faire de la visualisation. Il existe aujourd’hui différentes méthodologies qui permettent de mieux appréhender un combat.
Benoit St-Denis s’entraîne-t-il aujourd’hui dans l’objectif d’augmenter ou de maintenir ta masse musculaire?
Actuellement je m’entraîne pour maintenir ma masse musculaire et améliorer ses qualités. Notamment, améliorer la qualité des fibres musculaires. Pour être un combattant plus rapide, plus puissant, plus fort. Sans gagner nécessairement trop de kilos.
Les catégories de poids dans le sport obligent à respecter un certain poids du corps pour pouvoir combattre le jour J. Pour ne pas perdre une partie de ma bourse.
L’objectif est donc également d’atteindre un certain poids de corps pour être un combattant professionnel.
Quelle est ta proportion d’entraînement entre toutes les disciplines que tu pratiques (tir, musculation, mma)?
Priorité au MMA. La majorité de mes entraînements sont consacrés au sport de combat.
J’ai en plus de ça 2 séances de préparation physique de 1h / 1h30 qui sont gérées par mon préparateur physique qui s’appelle Fabien Bérangel. Un diplômé d’Etat en préparation physique. Très important pour maintenir la masse musculaire. De renforcer des zones à risques pour nous combattants, notamment les cervicales et la sangle abdominale qui sont des zones très importantes !
Il y a bien sûr d’autres groupes musculaires que nous travaillons, mais ces derniers sont les plus spécifiques aux sports de combat.
En dernière place, le tir, que je pratique pour maintenir mon niveau et par passion.
Comment as-tu géré ton alimentation durant tes années d’Ops et comment la gères-tu aujourd’hui, tu as un régime particulier?
Aujourd’hui j’améliore de plus en plus mon alimentation. Mon corps est maintenant devenu de très loin mon outil numéro 1. Alors qu’en tant qu’opérateur, je devais être sportif, mais le physique n’était pas aussi pointilleux et n’était pas le centre d’intérêt. C’est avant tout l’esprit et les compétences acquises en formation qui importent.
Le physique doit être solide et doit permettre de reproduire la gestuelle technique mémorisée durant les 1 an et demi de formation.
Le combattant de MMA, son physique (+ son état d’esprit) c’est numéro 1. L’alimentation c’est une priorité. Il y a Iron Meals qui me fournit des plats déjà préparés pour midi à réchauffer à la poêle.
J’ai également un préparateur de jus (Juice for Juice) qui me file un coup de main. Il me fait des jus maison, ce qui me permet d’être au top au niveau des minéraux et des post-workouts riches en zinc, fer, etc. J’ai accès à pleins de sortes de jus possibles et inimaginables, comme des jus de betterave, des jus de courges, etc.
Enfin, pour les suppléments je suis aidé par NM. J’ai affiné mon alimentation au fil du temps et depuis que je suis à l’UFC, c’est devenu bien plus carré encore.
Est-ce que Benoit Saint Denis prends des suppléments alimentaires pour compléter son alimentation?
Je prends de la créatine, de la whey, de la béta-alanine, et des multivitamines.
Je prends également des multi-minéraux en fonction des prises de sang ou si j’en ressens le besoin.
Plus épisodiquement je prends de la caféine.
Peux-tu nous dire Benoit Saint Denis quel est ton programme de musculation et de cardio actuel?
Mon programme est fait par Fabien Bérangel, mon préparateur physique depuis maintenant presque 1 an. Il m’accompagne à temps plein.
Avant ça je gérais tout moi-même, je m’inspirais d’ailleurs parfois de SuperPhysique.
Mais je faisais essentiellement du Crossfit. C’est bien mieux actuellement avec un préparateur physique qui adapte tout à mes besoins.
As-tu déjà été blessé en mission sur le terrain ou pendant un entraînement?
Comme je l’ai dit précédemment, je me suis arraché 2 des 3 ligaments stabilisateurs de la cheville quand je suis rentré au 1er RPIMa. C’était très douloureux les 3, 4 premiers mois de formation. Ma cheville était très endommagée alors que les premiers mois de formation ne sont pas les plus compliquées.
En combat j’ai également été blessé, rien de bien grave.
Lors de mon dernier combat en octobre 2021, j’ai eu le nez cassé, et la vision troublée à cause d’un doigt que je me suis prit dans l’oeil.
Dans quel état psychologique et physique sors-tu de la cage, reprends-tu l’entraînement dés le lendemain?
Je me repose.
Bien que je faisais initialement l’erreur avant de reprendre tout de suite 3, 4 jours après.
Seulement la dépense énergétique dû à l’adrénaline et de la pression d’un combat, plus les enjeux autour, font qu’il faut prendre au minima 7 jours OFF.
Les sports à percussion ce n’est pas comme les sports de préhension. Il y a des paramètres qui s’ajoutent au niveau de l’adrénaline qui sont supérieurs. Comme dans toutes les compétitions dés qu’il y a de l’argent en jeu. L’état psychologique est fort dans la cage, les chocs sont violents.
Cette expérience particulière te sert-elle en MMA?
Oui elle me sert. Même si ce sont 2 mondes différents. Il y a la notion de détermination et de régularité dans les entrainements qui sont les mêmes. La persévérance et l’investissement sont les mêmes en tant que combattant et en tant qu’opérateur.
Il y a un professionnalisme de travail et une régularité que j’ai eu très rapidement en démarrant le MMA grâce à mon expérience au sein des forces spéciales.
Quand tu as passé du temps en zone de guerre, validé l’entraînement militaire le plus difficile, combattant MMA invaincu, y-a-t-il un point qui peut encore particulièrement te préoccuper ?
Ce qui m’a vraiment préoccupée, c’était savoir ma bonne catégorie de poids. C’était une longue réflexion.
Bien qu’on avait déjà la réponse. Puisqu’il fallait que je sois à 77 pour pouvoir rentrer à l’UFC. Il fallait donc que je sois au bon poids pour faire les meilleures performances possibles.
Sinon je suis de nature très calme, et il y a très peu de choses qui me préoccupent réellement. C’est une chance.
Quels ont été tes rituels pour récupérer physiquement et mentalement après ton 1er combat à l’UFC contre Elizeu Zaleski dos Santos?
Je n’ai pas de rituels particuliers si ce n’est suivre les conseils du médecin. Prendre le temps de récupérer avant de reprendre l’entraînement. Comme avec un nez cassé, on ne reprend pas immédiatement les entraînements.
Donc voilà, suivre les prescriptions du médecin en général et prendre du temps pour récupérer donc.
Un combattant MMA peut-il espérer facilement vivre de ses combats en 2021?
Un combattant peut « survivre » s’il est combattant au sein du BRAVE combat federation.
Une fois à l’UFC il peut en vivre, bien qu’il faudra y gagner quelques combats et faire une jolie carrière pour pouvoir avoir une retraite convenable. A l’abris de tous problèmes financiers.
Quel est le style de combattants préférés à l’UFC de Benoit Saint Denis? quels ont été tes influences?
Je me suis inspirés des mecs qui faisaient des bonnes performances dans la cage comme Fedor, George St-Pierre, Khabib..
S’inspirer des meilleurs, prendre quelques outils adaptés à nous-mêmes. Parce qu’il ne faut pas oublier que chaque combattant est différent. Une technique peut très bien marcher pour 10 combattants, mais ne fonctionnera pas pour le onzième.
Il faut donc trouver son jeu et ses propres techniques. Sa marque de fabrique.
Quel serait ton conseil pour les plus jeunes lecteurs qui veulent faire carrière dans l’armée, ou dans le MMA?
Dans le cas d’une carrière au sein des forces spéciales : Arriver physiquement au top, et sans blessures. S’être bien renseigné avant tout.
Dans quelle unité on rentre, avec quel statut, et pourquoi on fait ce choix. Sous-officier, soldat?
Faire le bon choix dés le départ. Ensuite choisir son régiment, ce qui est la chose la plus importante. L’armée c’est beaucoup de métiers différents. Et en fonction du métier c’est un régiment différent. Il faut donc choisir un métier qui corresponde à soi avant tout.
Pour une carrière en MMA c’est par étape que cela se fait. Dans un premier temps il faut tout donner en amateur, gagner des compétitions et s’entraîner avec des pros.
Dominés des pros dans votre catégorie de poids en salle, dans votre catégorie.
Tout ça accompagné par des gens du métier, un manager et un coach qui vous accompagne dans vos combats au fur et à mesure.
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Vous retrouverez Benoit sur instagram : Benoitst_denis
Vous retrouverez l’historique des combats de Benoit : Sherdog.com
Interview vidéo avec Benoit Saint Denis combattant pro MMA
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